Le véritable plaisir est un résultat naturel du service rendu à Dieu.

En étant le témoin ultime dans le cœur de tous les êtres, le Seigneur Kṛṣṇa comprenait précisément pourquoi Sudāmā était venu le visiter. Il pensa en lui-même : « Dans le passé, mon ami ne m’a jamais approché pour demander des richesses matérielles, mais maintenant il vient pour satisfaire les souhaits de sa femme dévouée et chaste. Je vais lui accorder des richesses que même les demi-dieux immortels ne peuvent atteindre. » Toutefois, on peut soutenir que Sudāmā n’aurait pas dû vivre dans une telle pauvreté, puisqu’un véritable plaisir découle du service à Dieu, même pour les dévots qui n’ont aucun désir égoïste. Cela est soutenu par la Bhagavad-gītā (9.22) :

ananyāś cintayanto māṁ ye janāḥ paryupāsate

teṣāṁ nityābhiyuktānāṁ yoga-kṣemaṁ vahāmy aham

« Mais ceux qui s’engagent dans une dévotion exclusive envers Moi, méditant sur Ma forme divine — à ceux-là, Je fournis personnellement ce qui leur manque, et Je protège ce qu’ils possèdent. »

Pour aborder ce point, nous devons faire la distinction entre deux types de dévots renoncés : un type s’oppose au plaisir des sens, tandis que l’autre y est indifférent. Le Seigneur Suprême n’impose pas de plaisir mondain à un dévot qui est fermement détaché des plaisirs matériels, comme en témoignent des grands renonçants tels que Jaḍa Bharata. À l’inverse, le Seigneur peut accorder une immense richesse et pouvoir à un dévot qui n’est ni attiré ni repoussé par les recherches matérialistes, comme Prahlāda Mahārāja. Jusqu’à ce moment de sa vie, Sudāmā Brāhmaṇa avait été totalement opposé à la gratification des sens ; cependant, par compassion pour sa femme dévouée — et aussi poussé par son désir de rencontrer Kṛṣṇa — il vint chercher l’audience du Seigneur.

Source : A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada (édition 2014), « Srimad Bhagavatam », Dixième Chant, Chapitre 81 – Texte 6-7