Toutes les activités matérielles, qu’elles soient vertueuses ou pécheresses, deviennent inévitablement entachées par des actions pécheresses.

Les individus qui vivent entièrement dans l’ignorance de l’existence matérielle, sans même envisager l’aspect de la vie vertueuse, s’engagent dans d’innombrables activités pécheresses et en souffrent énormément. Cette souffrance profonde les pousse parfois à chercher refuge parmi les dévots du Seigneur, et grâce à cette association transcendantale, ils peuvent atteindre un état supérieur de conscience de Kṛṣṇa.

Ceux qui ne sont pas entièrement pécheurs peuvent trouver un certain soulagement face aux difficultés de la vie matérielle, ce qui les amène à développer un sens illusoire de bien-être dans ce monde. Les individus matériellement pieux jouissent souvent de succès mondains, d’une attirance physique et d’une vie de famille heureuse, ce qui engendre une fausse fierté à propos de leurs circonstances. En conséquence, ils peuvent rejeter l’opportunité de s’associer ou d’apprendre des dévots du Seigneur. Hélas, toutes les poursuites matérielles, qu’elles soient vertueuses ou non, sont finalement corrompues par des actions pécheresses.

Ceux qui se vantent de leur prétendue piété et ignorent les enseignements sur Kṛṣṇa tomberont finalement de leur position fallacieuse. Chaque être vivant est un serviteur éternel de Kṛṣṇa, la Personne Suprême. Ainsi, tant que nous ne nous soumettons pas à Kṛṣṇa, notre état est fondamentalement un état d’impiété. Le terme akṣaṇikāḥ (« ne pas avoir même un instant pour réfléchir ») revêt une signification importante dans ce contexte. Les individus matérialistes échouent à consacrer même un moment à leur bien-être éternel, ce qui représente une grave infortune. Un tel comportement est semblable à celui de ceux qui se dirigent vers une perte spirituelle, car leur obstination prépare un avenir sombre dont il pourrait être difficile de s’échapper.

Considérons une personne malade recevant des soins médicaux qui est encouragée par des améliorations initiales. Si ce patient devient trop confiant dans les premiers résultats de guérison et néglige les conseils du médecin, supposant qu’il est guéri, un retour à la maladie est inévitable. La phrase ye kaivalyam asamprāptāḥ dans ce verset souligne que la piété matérielle est loin d’atteindre la compréhension parfaite de la Vérité Absolue. Si quelqu’un abandonne son chemin spirituel avant d’atteindre les pieds de lotus de Kṛṣṇa, il est destiné à redescendre dans des circonstances matérielles malheureuses, même s’il a réalisé l’aspect impersonnel du Brahman. Comme il est noté dans le Śrīmad-Bhāgavatam, āruhya kṛcchreṇa paraṁ padaṁ tataḥ patanty adhaḥ.

Source : A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada (édition 2014), « Srimad Bhagavatam », Onzième Chant, Chapitre 05 – Texte 16.