Les activités du monde sont menées par l’attraction centrale entre l’homme et la femme.
La voie menant au salut ou le chemin du retour à la divinité interdit toujours les relations avec les femmes. De même, l’ensemble du sanatana-dharma ou du varnasrama-dharma interdit ou restreint les relations avec les femmes. Comment pourrait-on alors accepter celui qui a plus de seize mille épouses comme la Personnalité Suprême de la Divinité ? Cette interrogation peut être légitimement soulevée par des esprits curieux qui désirent réellement comprendre la nature transcendante du Seigneur Suprême. Pour répondre à de telles interrogations, les sages de Naimisaranya ont abordé dans ce verset et les suivants le caractère transcendantal du Seigneur. Il est évident que les caractéristiques séduisantes féminines, capables de conquérir Cupidon ou même le très tolérant Seigneur Shiva, ne pourraient en aucun cas influencer les sens du Seigneur. La fonction de Cupidon est de susciter la convoitise matérielle. L’univers entier est agité par la flèche de Cupidon. Les activités terrestres sont menées par l’attraction centrale entre mâle et femelle. Le mâle recherche une compagne à son goût, et la femelle, un mâle approprié. C’est là le fonctionnement du stimulus matériel. Dès que le mâle est associé à une femelle, la servitude matérielle de l’être vivant est immédiatement et étroitement liée à la relation sexuelle, et par conséquent, l’attrait du mâle et de la femelle pour un doux foyer, la progéniture corporelle, la société, l’amitié et l’accumulation de richesses devient le domaine d’une activité guidée par l’illusion. Cela se manifeste par une fausse mais tenace attirance pour une existence matérielle temporaire, qui est remplie de malheurs. Par conséquent, ceux qui suivent la voie du salut pour retourner à la demeure de la Divinité sont spécialement encouragés par toutes les instructions scripturales à se libérer de cet attirail matériel. Et cela n’est possible que par l’association avec les dévots du Seigneur, appelés les mahatmas. Cupidon lance ses flèches sur les êtres vivants pour les rendre obsédés par le sexe opposé, que ce soit un bel être ou non. Les provocations de Cupidon persistent, même au sein des sociétés bestiales, jugées disgracieuses aux yeux des nations civilisées. Ainsi, l’influence de Cupidon est présente même parmi les formes les plus laides, sans parler des beautés les plus parfaites. Le Seigneur Shiva, réputé pour sa grande tolérance, a également été touché par la flèche de Cupidon, devenant fou après l’incarnation de Mohini du Seigneur et se reconnaissant vaincu. Cupidon lui-même a été captivé par la grâce et l’excitation des déesses de la fortune, abandonnant ensuite volontairement son arc et ses flèches dans un état de frustration. Tel était la beauté et l’attrait des reines du Seigneur Krishna. Pourtant, elles n’ont pu perturber les sens transcendants du Seigneur. C’est parce que le Seigneur est un atmarama parfait, ou autosuffisant. Il n’a besoin de l’aide de personne pour Sa satisfaction personnelle. C’est pourquoi les reines ne pouvaient satisfaire le Seigneur par leurs attraits féminins, mais elles pouvaient Le satisfaire par leur affection et leur service sincère. Ce n’est que par un service d’amour transcendantal pur qu’elles pouvaient satisfaire le Seigneur, et le Seigneur répondait à leur dévotion en tant qu’époux dévoué. Autrement, il n’aurait pas accepté d’être l’époux de tant d’épouses. Il est l’époux de tout le monde, mais il répond de manière réciproque à ceux qui l’acceptent comme tel. Cette affection inébranlable pour le Seigneur ne peut être comparée à la convoitise matérielle. Elle est purement transcendantale. De même, les sentiments de dévotion exprimés par les reines, de manière naturellement féminine, étaient également transcendantaux, car ils étaient exprimés dans une extase transcendantale. Il avait déjà été expliqué dans le verset précédent que le Seigneur semblait être un mari ordinaire, mais en réalité sa relation avec ses épouses était transcendante, pure et non conditionnée par les influences de la nature matérielle.
Source : A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada (édition 2014), « Srimad Bhagavatam », Premier Chant, Chapitre 11 – Texte 36