Les résultats que les demi-dieux attribuent aux êtres vivants correspondent exactement aux actions des êtres vivants.

Les mots chāyeva karma-sacivāḥ sont significatifs ici. Chāyā signifie « ombre ». L’ombre du corps suit précisément les mouvements du corps. L’ombre n’a pas le pouvoir de se déplacer d’une manière différente du mouvement du corps. De même, comme indiqué ici, bhajanti ye yathā devān, devā api tathaiva tān : les résultats que les demi-dieux accordent aux êtres vivants correspondent exactement aux actions de ces derniers. Les demi-dieux sont habilités par le Seigneur à suivre précisément le karma particulier d’une entité vivante en lui accordant bonheur et détresse. Tout comme une ombre ne peut pas se déplacer indépendamment, les demi-dieux ne peuvent pas punir ou récompenser un être vivant indépendamment. Bien que les demi-dieux soient des millions de fois plus puissants que les êtres humains sur terre, ils ne sont en fin de compte que de minuscules serviteurs de Dieu que le Seigneur autorise à jouer le rôle de contrôleurs de l’univers. Dans le Quatrième Chant du Śrīmad-Bhāgavatam, Pṛthu Mahārāja, un avatar habilité du Seigneur, note que même les demi-dieux peuvent faire face à une punition de la part du Seigneur s’ils s’écartent de Ses directives. En revanche, les dévots du Seigneur, tels que Nārada Muni, peuvent influencer le karma d’un individu par leurs enseignements puissants, encourageant la personne à renoncer aux actions fruitives et à la spéculation mentale en faveur de la soumission à la Personnalité Suprême de Dieu. Bien qu’étant dans le domaine matériel, les individus agissent sous les contraintes de l’ignorance. Mais si l’on s’illumine en s’associant à un pur dévot du Seigneur, on peut reconnaître sa véritable identité en tant que serviteur éternel de Dieu. En s’engageant dans un tel service, l’attachement au monde matériel et les répercussions des actions passées diminuent, et en tant qu’âme consacrée, on acquiert une liberté spirituelle illimitée dans le service au Seigneur. La Brahma-saṁhitā (5.54) l’articule bien :

yas tv indragopam athavendram aho sva-karma-bandhānurūpa-phala-bhājanam ātanoti

karmāṇi nirdahati kintu ca bhakti-bhājāṁ govindam ādi-puruṣaṁ tam ahaṁ bhajāmi

« Je vénère le Seigneur primordial, Govinda, qui incinère toutes les activités fruitives de ceux qui sont empreints de dévotion. Car tous ceux qui empruntent le chemin de l’action – qu’il s’agisse d’Indra, le roi des demi-dieux, ou de l’insignifiant insecte indragopa – Il attribue justement les fruits de leurs actions en fonction de leurs actes passés. Ainsi, même les demi-dieux sont liés par les lois du karma, tandis qu’un dévot pur du Seigneur, totalement libre du désir de plaisirs mondains, éradiquera toutes traces de karma.

Source : A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada (édition 2014), « Srimad Bhagavatam », Onzième Chant, Chapitre 02 – Texte 06.