Il est permis d’adapter le mode de culte selon l’époque, le pays et les circonstances.

Om namo bhagavate vasudevaya est reconnu comme le dvadasaksara-mantra. Ce mantra est chanté par les dévots Vaisnava et commence par pranava, ou omkara. Il y a une règle stipulant que ceux qui ne sont pas des brahmanas ne peuvent pas réciter le mantra pranava. Cependant, Dhruva Maharaja, né ksatriya, a divulgué à Narada Muni qu’il ne pouvait pas accepter les instructions de renoncement et d’équilibre mental, qui sont typiques d’un brahmana. Pourtant, Dhruva a été autorisé, grâce à Narada, à prononcer le pranava omkara. Ce point est crucial. En Inde, les brahmanas de caste s’opposent souvent à ce que d’autres castes, ne provenant pas de familles de brahmanas, récitent ce mantra. Cependant, il est tacitement admis que toute personne acceptant le mantra Vaisnava ou la manière Vaisnava de vénérer la Déité peut chanter le mantra pranava. Dans la Bhagavad-gita, le Seigneur déclare que quiconque, même d’une origine inférieure, peut être élevé à la plus haute position et retourner à la maison, à la divinité, s’il vénère correctement.
Les règles établies par Narada Muni stipulent que l’on doit recevoir le mantra d’un maître spirituel authentique et l’entendre dans l’oreille droite. Il est nécessaire non seulement de chanter ou de murmurer le mantra, mais aussi de présenter la déité, ou forme physique du Seigneur, devant soi. Évidemment, lorsque le Seigneur se manifeste, ce n’est plus une simple forme physique. Par exemple, une barre de fer chauffée jusqu’à devenir rouge dans le feu n’est plus du fer, mais du feu. Ainsi, lorsqu’une forme du Seigneur est créée – qu’elle soit en bois, en pierre, en métal, en bijou, en peinture, ou même sous une forme mentale – cela représente une véritable forme spirituelle et transcendantale du Seigneur. Il est primordial de recevoir le mantra d’un maître spirituel authentique, que ce soit Narada Muni ou son représentant dans la lignée disciplique, et aussi de chanter le mantra. De plus, il est impératif d’offrir toute nourriture disponible en tenant compte du temps et des circonstances.
La méthode d’adoration – chanter le mantra et préparer les formes du Seigneur – n’est pas rigide et peut varier d’un endroit à l’autre. Notre mouvement de conscience de Krishna s’étend à travers le monde, et nous établissons aussi des Déités dans divers centres. Parfois, nos amis indiens, influencés par des idées préconçues, critiquent : « Ceci n’a pas été fait, cela n’a pas été fait. » Mais ils omettent de considérer l’instruction de Narada Muni donnée à l’un des plus grands Vaisnavas, Dhruva Maharaja. Il faut tenir compte de l’époque, du pays et des opportunités. Ce qui est pratique en Inde peut ne pas l’être dans les pays occidentaux. Ceux qui ne font pas partie de la lignée des acaryas, ou qui ne connaissent pas leur rôle d’acarya, critiquent inutilement les actions du mouvement ISKCON dans d’autres pays. En réalité, ces critiques ne font rien personnellement pour répandre la conscience de Krishna. Lorsqu’une personne prêche, prenant tous les risques et considérations de temps et de lieu, il peut y avoir des changements dans la façon d’adorer, mais cela ne constitue pas une erreur selon le sastra. Srimad Viraraghava Acarya, un acarya de la lignée de la Ramanuja-sampradaya, mentionne dans son commentaire que les candalas, ou âmes conditionnées nées dans des familles moins élevées que les sudra, peuvent également être initiés selon les circonstances. Les formalités peuvent être légèrement adaptées pour les faire entrer dans la tradition Vaisnava.
Le Seigneur Caitanya Mahaprabhu recommande que Son nom soit entendu tous azimuts à travers le monde. Comment cela serait-il possible sans prêcher partout ? Le culte du Seigneur Caitanya Mahaprabhu est le bhagavata-dharma, et Il préconise particulièrement le Krishna-katha, soit le culte de la Bhagavad-gita et du Srimad-Bhagavatam. Il conseille à chaque Indien de considérer cette tâche comme para-upakara, ou œuvre de bienfaisance, en transmettant le message du Seigneur aux autres habitants de la terre. Ces « autres habitants » ne se limitent pas à ceux qui ressemblent aux brahmanas et ksatriyas indiens, ou à ceux qui se prétendent brahmanas simplement à cause de leur naissance dans des familles brahmanas. L’idée selon laquelle seuls les Indiens et Hindous devraient être initiés au culte Vaisnava est erronée. Il est essentiel de faire de la propagande pour amener tous les êtres au culte Vaisnava. Le mouvement de conscience de Krishna est conçu dans cette optique. Aucune barrière ne devrait exister pour la diffusion du mouvement de conscience de Krishna, même parmi ceux nés dans des familles candala, mleccha ou yavana. Même en Inde, ce principe a été souligné par Srila Sanatana Gosvami dans son ouvrage Hari-bhakti-vilasa, qui est une guide védique autorisée et une smrti pour les Vaisnavas dans leur vie quotidienne. Sanatana Gosvami affirme que, comme le métal d’une cloche peut se transformer en or par un mélange de mercure, de même, n’importe qui peut devenir un Vaisnava par une diksa authentique, ou méthode d’initiation. Il est nécessaire d’être initié par un maître spirituel de bonne foi, provenant d’une lignée disciplique et reconnu par son maître. C’est ce qu’on appelle le diksa-vidhana. Le Seigneur Krishna déclare dans la Bhagavad-gita, vyapasritya : il est impératif d’accepter un maître spirituel. Par ce processus, le monde entier peut être amené à la conscience de Krishna.

Source : A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada (édition 2014), « Srimad Bhagavatam », Quatrième Cantique, Verset 08 – Texte 54

Leave A Comment